JUIN — VIVANTES - Journal de bord

JUIN
PLEINE LUNE ET PLEIN SOLEIL

^{Mardi
Prométhée annonce 39° pour vendredi puis orage.
Marie espère qu’il ne va pas y avoir trop de grêle. Près de Tours, une vigneronne vient de perdre l’ensemble de sa récolte suite à un violent épisode de grêle. Élodie nous montre une photo. Les ceps n’ont plus de feuille, plus de raisin. Il faudra plusieurs années pour qu’ils s’en remettent.}

^{Ce soir, à la pleine lune, nous allons faire des bourgeons d’yeux, des bourgeons d’yeux de 10 cépages, gardés au frais depuis la taille. On retrouve plusieurs vignerones et vignerons, pour constituer une pépinière collective, issue des ceps de leurs parcelles.}

^{Nous coupons les ceps dans la longueur, pour favoriser le déploiement d’une racine apicale, plus profonde, et donc plus résistante aux maladies.}

^{Mercredi
Prométhée annonce 40° pour vendredi.
Pulvériser le soin prescrit par Martin et Bernadette dans la parcelle expérimentale, dans le ventre.
Dans la pénombre de la cave,
entre deux rayons de soleil,
Préparer le thé de compost}

^{Envelopper le dynamiseur d’un drapés imbibés d’eau
Remplir la cuve}

^{Cueillir des fleurs d’Achillée, les glisser dans un filet puis les plonger dans l’eau tiède.}

^{Jeudi
Prométhée annonce 41° pour vendredi.}

^{Rdv à 5H30 du matin
Il fait déjà jour et chaud
On se retrouve à une petite dizaine, Matthieu prendra le tracteur, les autres, les pulvérisateurs à dos.
Marianne, Maxime et moi nous commençons par les champs jumeaux, Mathilde, Marie, Alexis et Lucie par Saint Géréon.
10h, nous nous retrouvons tous et toutes à la Pao.
On a déjà marché près de 10km à pied.}

^{À midi, manger avec Hélène, Martin et Kadi.
Le soir manger encore : croissants au jambon cuit au feu de bois.
Un plat de saison.}

^{Vendredi
42° dans les vignes.
Comme partout en France,
limiter les mouvements.
Se retrouver sur la grande tablée chez Élodie et Marie.}

^{Ouvrir l’herbier de Zaza
et toutes les histoires qui vont avec.
Zaza, la grand mère de marie,
Zabeth, la mère de Jacques,
Zaza, éleveuse indépendante de brebis
arpenteuse du paysage
collectionneuse de plantes et de pierres
mémoire des mythes d’ici
naturopathe avant l’heure.}

C’est le début de la faim. L’une des plus grandes exploitations agricoles céréalières au Kazakhstan avec son million d’hectares de surfaces agraires autour desquelles 60 moissonneuses batteuses tournent pour battre blé, orge et tournesol se met au service de la Russie qui thésaurise chaque jour plus depuis la guerre, son grenier à céréales en vue d’appauvrir ou d’assouvir à sa botte les pays dépendants. Avec ce conflit en Ukraine, les productions réservées représentent maintenant 10 % du marché mondial. On ne fait pas mieux pour mettre à genoux ceux que l’on conchie. Et ceux qui ont faim aujourd’hui ne regardent plus guère la qualité des plats qu’on leur sert, mais bel et bien la quantité. L’Afrique au premier stade s’en contrebalance de la bio et l’Europe commence désormais à ne plus écarter de penser rendement uniquement et Round up surement, pour préserver ses finances. Ses finances ok, mais pas sa santé et pas la notre assurément.
Pendant ce temps là, Marie Thibaut, vigneronne nature sur ses 3, 5 hectares en Touraine a grêlé entièrement et sa récolte 2022 n’existera jamais. Elle n’est pas la seule, loin de là, l’escalade des mauvaises nouvelles se répand sur tout le territoire comme une flaque d’huile, et la canicule annoncée pétrifie déjà les sols et les hommes, pauvres pantins impuissants. Seulement voilà, la plus mauvaise des nouvelles arrivent souvent par un autre fléau: l’assureur. En lieu et place de permettre au vigneron de se retourner, il envoie des textos prévenant des risques de grêle, d’orage ou de températures spectaculaires pour se désengager et surtout ne pas se mouiller, et refaire signer des contrats aux vignerons avec force prime et franchise, segmentant de fait les risques des riches et les risques des pauvres. La double/triple peine.
On va bien voir qui s’en tire le mieux dans tout ce merdier.
mail d’Élodie - 15 juin 2022