NOVEMBRE
PROTÉGER


Tressage des Rosas Canina, parcelle de Saint Géréon - photo : Marie Carroget







Rosa Canina

Le Rosier des chiens, Rosier des haies ou Églantier des chiens (Rosa canina L.), est une espèce d'arbrisseaux épineux de la famille des rosacées. On le trouve dans les haies et les bois surtout en plaine. C'est une espèce de rosiers botaniques présentant de nombreux écotypes, toujours à fleurs simples.
La rose sauvage est associée au silence depuis la Rome antique, d’où l’expression latine sub rosa, utilisée en anglais pour dénoter la confidentialité. En tant que rose des haies, elle est associée à Frigga dans le monde germanique, “gardienne des lois morales”. Les fruits étaient une protection contre la magie et les tempêtes. De manière générale elle est associée à la protection.








Le temps presse


Cette année les mulots ont décidé de manger le peu de raisin qu’il restait. Habilement, ils ont détaché une à une les baies le plus mûres du raisin, avec leur pédoncule, les ont déposées face à leur terrier, comme un trésor. Tous les 100 mètres, un terrier, avec des trésors de guerre prêts à être enfouis pour un hiver que l’on imagine déjà rude, mais pas pour eux, qui s’y préparent déjà. Certains les imaginent bacchiquement en train de se repaitre des raisins fermentés, d’autres voient déjà cela comme un signent annonciateur d’une catastrophe naturelle, les animaux prévoyant toujours en éclaireurs les tsunamis, les éruptions, les tempêtes, les tremblements de terre… Ceci m’a fait penser à cela : à ces milliers de sauterelles enfouies et endormies durant 17 ans, resurgies des entrailles de la terre dans le Vaucluse comme une 9ème plaie d’Egypte, pour ravager des vignobles entiers cet été. Plus de tige, ni de racine en un seul coup d’oeil. Les bandes d’acridiens - ces criquets - voyagent ainsi, tout le jour, à la surface du sol, dévorant la végétation qu’ils rencontrent. Ils s’arrêtent le soir, pour reprendre leur course, au matin, dès que les rayons du soleil ont commencé à réchauffer la terre. Leur voracité est extrême. Leur vie n’est qu’un long repas, interrompu seulement, et pour la durée d’une heure seulement, par chacune des mues, au nombre de cinq, qu’ils subissent au cours de leur existence.
Ce qui est fou avec ces histoires, ces apparitions-disparitions-invasions, c’est que désormais, il faut compter avec ces nouveaux fléaux, durablement. Ils sont là, comme les étourneaux sibériens plus résistants et plus gourmands que la génération précédente, les sangliers, les chevreuils, les blaireaux toujours plus poussés vers les zones agricoles par les zones pavillonnaires galopantes dans les campagnes. Tous sont là pour rester. Camper sur leur position dans les champs. En découdre pour trouver leur pitance. Et cela ne fait que laisser de plus en plus pantois les vignerons. Après le gel cristallisant durant deux semaines l’ensemble du vignoble français, le mildiou et la cohorte des autres champignons dévoreurs de vigne, les mouches, les escargots, les grêles, les inondations, travailler avec le vivant devient tout bonnement impossible.
Le temps presse, c’est une évidence. L’accélération des événements aussi insolites que fous, terrassant la poussée naturelle de la plante et son accompagnateur dans le même temps, ne peut pas, ne peut plus, passer inaperçue ou sous l’oeil des radars sans éveiller à l’imminence d’un danger global, planétaire.
Alors que faire ? Se battre ? Partir ? Continuer de penser que le contrôle mécanique, chimique puisse permettre au prédateur qu’est l’homme de reprendre le dessus malgré ces signaux  alarmants ? Regarder l’homme s’agiter comme un pantin avec quelques solutions de misère, ses bottes de foin, ses bougies brûlées pour lutter contre la glace en pleine nuit noire ? Pitoyables Jean de Florette.
Rester du côté du vivant. Sans aucun doute.

Mail d’Élodie - 2 novembre 2021





 brumes sur la Loire au petit matin - photo : Marie Carroget









Mardi
des bret’ et des vol’ dans les deux plus grosses bariques
soigner à l’homéopathie
osculter
“si je perds ça je perds tout” dit Marie  
“continuer comme cela” dit Jérémy
l’oeil dans le microscope

15h30, c’est marée haute
l’heure pour l’homéopathie














Mercredi
organiser l’année à venir avec Élodie,
saison après saison, sujet après sujet
le travail - ou non travail- du sol
le dégré d’intervention
la place du sauvage
le positionnement lié à la biodynamie
celui lié au fait d’être femme vigneronne
le vin comme soin
la connexion aux éléments
le geste collectif
l’ivresse
....

soutirer la lie d’un vin, c’est épais et ocre 
on dirait de l’argile

16h15 : homéopathie




Jeudi
parcelle des champs jumeaux
étendre les territoires
dès que possible
récupérer les terres pour les restaurer

tresser les Rosa Canina en arches et en portes

17h15, Marie doit partir. 
Donner l’homéopathie seules.












Vendredi
écrire ce que seront les micro-cuvées
broder la cartographie du Domaine
prendre le temps
de laisser résonner
ce qui se dit
ce qui s’écrit ce mois-ci
écouter, dérusher, monter

prendre le temps 
de mesurer les échos
que ça crée en nous










Samedi
filmer à l’aube
enregistrer Marie 
protéger - soigner 
par le geste,
par l’intention 
par la musique.

















début d’une cartographie brodée du Domaine de la Paonnerie - photo : Cie Brumes





Production B R U M E S - avec le soutien de la Communauté de Communes du Pays d’Ancenis, de la DRAC Pays de la Loire, du département Loire Atlantique, de la Ville de Nantes, de la SACD et de la DGCA - “Écrire pour la rue”, de HORS-CADRE 21 - Association des CNAREP, de Pronomades, des Ateliers Frappaz, du Citron Jaune, du Boulon et de l’Atelier 231, de la coopération Itinéraire d’artiste(s) - Au bout du plongeoir, la Chapelle Derezo, le CDN de Normandie-Rouen et les Fabriques de Nantes.


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