OCTOBRE
S’INSTALLER



Voilà,
après des mois de préparation, de passages brefs, de projections, de dossiers…
un an tout pile après avoir rencontré Marie, Élodie et le domaine de la Paonnerie,
nous y sommes pour une semaine.
première semaine officielle de VIVANTES,
à la cave, on se glisse dans les gestes de Marie,
à la table, on amorce cette histoire et on cherche nos propres gestes pour les deux années à venir.

il y a le jour de Jérémy,
le lundi, il vient avec son microscope, ça ressemble à une consultation médicale,
vigneronnes et vignerons passent tour à tour avec des échantillons de leurs vins.
Jérémy ausculte levures indigènes et bactéries qui oeuvrent à l’intérieur des cuves, transformant le raisin en vin, le sucre en alcool… et guide vigneronnes et vignerons dans leur accompagnement du vivant.
il y a l’installation de Marie,
le courrier arrive pour annoncer la création de son EARL “la Paonnerie”, anciennement EARL - Carroget Gautier, du nom de ses parents.
il y a le décuvage de LUNDI,
il y a les analyses, le pressoir, le rebêchage, les remontages, la queue de comète des vendanges chez les gars, les soirées à parler vins, vinifications, déconstruction de l’aspect culturel de nos goûts…
et puis il y a ce jeudi en fin de matinée,
un monsieur passe pour la certification DEMETER des gars, voisins et collègues de Marie, une dégustation s’improvise dans la salle de la Pao, juste avant de partir ce monsieur dit “il y a un noeud lunaire qui commence aujourd’hui”.

alors, comme le dit Jacques, il devient urgent d’attendre.





“C’est l’année des Micro-cuvées” dit Marie.
Ce sera le titre des trois rendez-vous que nous proposerons au fil de cette première année d’immersion.









Chaque mois, ici nous publierons des sons, des images et des mots,
pour dire au fur et à mesure ce que l’on vit,
pour archiver, noter, partager,
pour se souvenir, et donner une forme au temps passé.
C’est aujourd’hui que nous commençons,
et cherchons la forme, les formes justes pour cet échange.

Ici, un premier montage de ce qui a résonné cette semaine dans les oreilles de Mathilde, quelques notes prises par Louise, un mail d’Élodie, compagne de Marie et en écho à cette première semaine, une citation de “Plaidoyer pour le vin naturel”.







souvenir de vendanges dans la voiture de Marie


Lundi
Les vendanges viennent de se terminer, le thème de la fête de fin de vendanges cette année : l’ex URSS. Il y a des paillettes plein le sol de la cave.  On s’installe chez Denise. L’après-midi, Jérémie, l’oenologue, vient regarder les vins au microscope. Il y a de la vie.
Mardi
Dernières vendanges des garçons. Jacques et Agnès partent à Bordeaux soutenir Valérie Murat.
Mercredi
On rejoint Marie à la cave pour faire les tests des vins. On savait pas vraiment siphonner du liquide. Maintenant, on sait.  
Jeudi
RDV à 9h à la cave pour décuver Lundi. Je vais dans la cuve pour sortir le vin, avec la petite appréhension du gaz carbonique qui tue quelques vignerons tous les ans. Marie reçoit une lettre qui valide sa création d’entreprise. (Re)naissance de « la Paonnerie ». Les gars sont controlés le matin pour la biodynamie. Le contrôleur reste boire un verre et glisse, avant de quitter la table, qu’un noeud lunaire commence à midi. On arrête tout, ou presque.
Vendredi
RDV à 10h, c’est noeud lunaire. On fait les tests et on part déguster en bande organisée chez Jacques Février puis Philippe Chevarin. Apprendre à cracher. Jacques Février est un chercheur, il mélange, essaye des trucs. Philippe Chevarin donne du sens à ses vins, ils s’appellent « le détour », « le fleuve », « le souffle ». Marie vient prendre un café, elle nous re-raconte les mulots annonciateurs de l’effondrement en cours, le noeud lunaire qui trouble le vivant, l’attention qu’elle doit porter, sans relâche, à ses vins. On range la maison de Denise, achète 4 caisses de vin et on rentre à Nantes.

Journal de bord de Louise








Chromato réalisé pour observer l’avancée de la malolactique.





Je repensais au travail de contenu sur Vivantes ce matin. Et je me disais en repensant à votre blog et au corpus de ce qui sera Vivantes, qu’il faudrait mettre en perspective les histoires de temporalité. Votre travail s’axe autour des 4 saisons, ralentissent en fonction du travail du vivant. Pendant ce temps là, « Le Temps presse »… Pendant ce temps là le dérèglement climatique s’accélère, pendant ce temps là, la planète tourne de plus en plus vite….bref. Remettre en perspective le temps et les actions du vivant dans un monde hiératique qui va aborder la prochaine conférence climat, qui lutte impuissant contre les inondations ou autre, par une chronique « le temps presse » , qui évoque des faits d’actualité qui s’égrèneront tout le long de votre résidence comme d’une rupture puissante d’avec le recentrage de Marie et de la plante autour du vivant. Voilà je ne sais pas si je suis claire…

Mail d’Élodie - 15 octobre 2021







“En découvrant les flacons de Marcel Lapierre, on se souvenait que le vin était fait avec du raisin et l’on ne voulait plus l’entendre autrement.” Les mots importants ici sont « se souvenir ». A quel moment l’homme a-t-il oublié ? Par quel retournement insensé l’homme a-t-il pu occulter comment était fait le vin ? « Peu à peu j’ai vu renaître la nature », peu à peu on a retrouvé le rythme, celui de la saisonnalité, du jour et de la nuit, des alternances, du mouvement immuable et répétitif de respiration de la terre sur les végétaux. Qui s’oppose au temps moderne après lequel nous courons, ce temps pesant, effréné, insensé. Nul délire passéiste dans ce constat, comment pourrait-on soutenir cela face au désastre qui éclate sous nos yeux quand nous détournons le regard ?

Éric Morain, Plaidoyer pour le vin naturel, ed. Nouriturfu, 2019, p.75








Production B R U M E S - avec le soutien de la Communauté de Communes du Pays d’Ancenis, de la DRAC Pays de la Loire, du département Loire Atlantique, de la Ville de Nantes, de la SACD et de la DGCA - “Écrire pour la rue”, de HORS-CADRE 21 - Association des CNAREP, de Pronomades, des Ateliers Frappaz, du Citron Jaune, du Boulon et de l’Atelier 231, de la coopération Itinéraire d’artiste(s) - Au bout du plongeoir, la Chapelle Derezo, le CDN de Normandie-Rouen et les Fabriques de Nantes.


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